Oui la naissance d’un enfant bouleverse le quotidien, questionne notre rapport au monde et aux autres, réoriente nos priorités, nous propulse dans la sphère des adultes responsables d’une autre personne que soi. Néanmoins, nous demeurons la personne que nous étions avant cette naissance. Avec nos qualités, nos défauts, notre impatience, nos peurs, nos envies, notre histoire. Peut-être même devenons-nous une sorte de version exacerbée de nous-même, avec ce nouvel instinct protecteur de (pro)créateur envers une progéniture qui nous semble si frêle et si unique à la fois. Alors non, tout ne change pas lorsque nous devenons père, mère, parents, mais indubitablement, certaines choses évoluent.
Ce qui change essentiellement, de façon presque palpable ? Le rapport au temps. Obtenir une heure à soi, c’est par exemple une victoire qui passe en un éclair. Lorsque mon conjoint emmène notre petit en promenade, j’ai à peine le temps de faire la moitié de ce que j’avais prévu de faire qu’ils reviennent. On nous répète qu’il “faut” trouver le temps (pour soi, de faire des choses, de voir des gens), et je suis d’accord, mais honnêtement lorsqu’il nous arrive d’avoir un moment de calme ou quand le dimanche arrive, nous n’avons qu’une envie : nous reposer. Regarder une série et faire une sieste. Se détendre, respirer. Oublier un instant seulement que notre bébé grandit de façon vertigineuse et que bientôt il sera un petit garçon.
Ensuite, la très grande majorité de nos amis n’a pas d’enfant. Alors comment faire pour que la conversation continue à être riche alors que nos quotidiens sont si différents et que fatalement, en tant que parents, nous en revenons souvent à parler couche et progrès de bébé ? Trouver des amis avec des enfants serait une bonne alternative mais il faudrait pour cela se rendre sociable et se faire violence. Car notre enfant ne va pas en crèche ni à l’école, lieux de rencontres inter-parentales. Non pas changer d’amis mais en chercher de nouveaux pour des moments parent(s)-enfant(s) qui pourraient être enrichissants.
Concernant les tâches ménagères attention grand sujet brûlant il a fallu établir des règles souterraines et opérer quelques changements. C’est somme toute assez simple : ce que je déteste faire, l’homme le fait, et inversement. Par exemple, il sort les poubelles, fait les courses, achète les couches et en ce moment comme je travaille, fait plus souvent la vaisselle. De mon côté je m’occupe des lessives, de trier les vêtements, du ménage (il lui arrive néanmoins de passer l’aspirateur), donne le bain à notre fils. L’homme garde bébé toute la semaine alors quand le week-end arrive, je me rends compte de l’intensité de travail et de concentration que cela demande. J’ai un peu honte de l’avouer mais mon travail me fatigue moins. C’est important de s’entendre sur ce sujet, sur qui fait quoi tout en ne figeant rien.
Il est plus difficile de sortir. De sortir le soir n’en parlons pas (sauf si l’un de nous se “sacrifie”.) Certaines sorties sont à éviter avec un enfant en très bas âge : cinéma, musée, concert (sauf spécialisé jeunesse)… Depuis un peu plus de 14 mois, rien de tout ça. Alors nous faisons des choses “en famille” : parc, square, brocante, animations, institut suédois… Ça change mais c’est plutôt agréable. La liberté et la folie que nous avions il y a quelques mois se sont déplacées. Vers un ailleurs affectif. Vers une liberté d’aimer inconditionnellement sans avoir peur. Se sentir vivant et faire partie de la grande marche de l’Univers.
Naturellement, notre vie tourne autour de notre enfant, parce qu’il est petit, qu’il requiert toute notre attention, tout notre amour, presque tout notre temps. Oui c’est ennuyeux vue de l’extérieur et parfois il faut l’avouer, aussi un peu de l’intérieur. Mais ses petits yeux remplis d’amour et la vitesse à laquelle il grandit, irrémédiable course contre la montre, sont des instants précieux qui s’échappent aussi rapidement qu’ils ne se présentent. Car lui n’aura qu’une enfance et c’est à nous de la rendre la plus heureuse possible, c’est notre priorité, parfois au détriment de nos envies. Et oui peut-être que nous sommes devenus “chiants” mais aux yeux de qui et à quel degré ? Hier nous dansions et rigolions devant bébé qui, assis devant le canapé, souriait de nous voir nous donner en spectacle. Parfois on se marre bien quand même.
Et vous, c’était comment cette première année avec bébé ?